Arles 2024 : Nos expositions coups de coeur
Publié le :
10/07/2024 10:00:00
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Actualité du laboratoire
De retour à Paris après avoir assisté à la semaine d'ouverture de la 55e édition des Rencontres d'Arles : le plus grand festival de photographie en France, et parce que la photographie est un médium qui nous inspire chaque jour un peu plus, on a décidé de vous partager à travers cet article de blog nos 3 expositions coups de coeur. À ne rater sous aucun prétexte si vous êtes de passage à Arles cet été !
Le coup de cœur de Sarah
Passionnée par la photographie documentaire, j'ai vraiment été captivée et touchée par la force de cette exposition. Au sein de l'Église des Frères Prêcheurs, je me suis sentie embarquée dans cette traversée migratoire douloureuse, du Mexique jusqu'à la frontière californienne. Le lieu où se tient l'exposition, par sa vaste étendue et l'écho qu'il crée, invite à la réflexion et donne de la profondeur à l'histoire des migrant⋅es.
J'ai apprécié le fait qu'il y ait un fil conducteur : le⋅a visiteur⋅euse débute l'exposition au Mexique et, durant le parcours, se confronte aux difficultés des migrants Mexicains ou Guatémaltèques qui subissent cette traversée à bord du train surnommé la Bestia, qui relie le sud au nord du pays. Cristina De Middel humanise les migrants et montre leur force, leur courage. On découvre les visages de celles et ceux qui prennent ce risque, les traditions mexicaines; on prend part à leur volonté de partir et on comprend mieux les raisons de cette quête désespérée dans l'espoir de retrouver un meilleur futur.
Ses photographies nous rappellent combien il est nécessaire de continuer à mettre en lumière ces événements, aussi tragiques soient-ils, afin de rendre visibles les "invisibles" et les "évincé⋅es" de la société. Son travail crée un pont entre l'art et la réalité sociale et incite à la réflexion et à l'empathie. Elle nous rappelle que derrière chaque statistique de migration se trouvent souvent des vies humaines, des rêves et des histoires de résilience. On l'observe notamment avec les objets retrouvés, les témoignages. Nous sommes transporté⋅es jusqu'au bout dans l'intensité de ce périple.
Je dirais donc que cette exposition est un hommage poignant aux migrant⋅es, de façon générale, et soulève des questions importantes sur la dignité humaine et la solidarité. Je recommande cette exposition à toutes les personnes qui s'intéressent aux enjeux sociaux contemporains et à la photographie documentaire.
➡️ À voir jusqu'au 29 septembre 2024 au [13] Église des Frères Prêcheurs, Rencontres d'Arles
Le coup de cœur de Louan
L'exposition se trouve à la Chapelle Saint-Martin du Méjan. Elle présente des photographies subaquatiques du bassin versant du Mississippi, capturant les nuances de couleur des eaux à différentes profondeurs et différents endroits. Du Minnesota à la Louisiane, le travail de Nicolas Floc'h couvre 224 colonnes d'eau sur un total de 31 États. Pour Les Rencontres d'Arles, c'est un fragment d'une dizaine de ces colonnes d'eau qui offre une immersion dans le cycle de l'eau et la couleur.
En fonction de la profondeur, de la végétation, des minéraux de la lumière environnante, l'eau du Mississippi se teinte de différentes couleurs. Chaque colonne est une série de photographies organisées verticalement en fonction de la profondeur de leur prise de vue. Simultanément, des séries en noir et blanc documentent l'espace terrestre entre les différents sites de couleur de l'eau.
Si j'ai adoré cette exposition c'est surtout parce que j'aime cette idée de venir capturer une couleur précise dans un fleuve en jouant sur des variantes naturelles telles que la végétation, les minéraux, la lumière et la profondeur. Ici Nicolas Floc'h nous montre qu'il est possible de capturer n'importe quelle couleur dans le même fleuve qu'est le Mississippi en jouant sur ces facteurs. L'entièreté des couleurs y sont présentes, il suffit de les voir et de les capturer.
C'est une exposition pleine de sens et bien mise en scène que j'ai adoré et que je vous recommande de faire si vous passez à Arles cet été.
➡️ À voir jusqu'au 29 septembre 2024 au [12] Chapelle Saint-Martin du Méjan, Rencontres d'Arles
Le coup de cœur de Léa
J'entre dans l'exposition et ce que je vois me chamboule (on m'avait prévenue !). Ayant une connaissance limitée de son travail, ce qui défile devant mes yeux me procure instantanément une profonde émotion. Tout au long du parcours, de salle en salle, mon corps est traversé par différents états émotionnels : empathie, frayeur, peine, tristesse, surprise, joie, en passant du rire aux larmes.
Mais les 200 photos que forment la rétrospective de Mary Ellen Mark arrivent surtout à me transmettre la bienveillance de la photographe documentaire et portraitiste envers ses sujets, que l'on parvient aisément à ressentir en s'approchant de n'importe laquelle de ses photos.
Ses sujets, les laissé⋅es-pour-compte et en marge de la société sont au coeur des séries présentées dans cette exposition intitulée "Rencontres", saisies en noir et blanc, point qui selon moi ajoute une note dramatique aux clichés. Le monochrome permet à l'oeil de se focaliser directement sur le détail clé de la photo.
Lors de la déambulation au sein de l'expo, on y découvre les histoires bouleversantes de protagonistes mis⋅es à l'écart qu'elle côtoyait durant plusieurs semaines voire années : "Ward 81" série menée en 1976 dans une unité de soins pour femmes internées, "Falkland Road" série menée en 1976 sur les travailleur⋅ses du sexe de Mumbai en 1978-1979, "Rural United States" avec la série "Damm Family", un couple et leurs deux enfants vivant dans une voiture, "Streetwise/Tiny", série menée de 1983 à 2014 (un an avant son décès) sur Erin ou "Tiny" rencontrée à l'âge de 13 ans sur un parking de Seattle où les enfants font la manche et vendent leur corps pour de l'argent ou de la drogue.
"Indian Circus", "Mother Teresa", "Jeanette", "Twins", "Prom", "Miami" sont autant de séries à découvrir lors de la visite de cette exposition, à travers de nombreuses photos, mais aussi de documentaires vidéos poignants, de lettres d'autres photographes clamant son talent, des planches contact, livres et parutions presse. À la sortie, on s'arrête un moment dans le jardin fleuri de l'Espace Van Gogh, encore bousculé⋅e par la densité du travail et du talent indiscutable de la photographe. En clair, foncez.
➡️ À voir jusqu'au 29 septembre 2024 à [4] L'Espace Van Gogh, Rencontres d'Arles
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